PARADIGME DU BLEU JAUNE ROUGE - 1979

ALBERT AYME - JACQUES HENRIC Edition TRAVERSIÈRE 120 pages, format 21x25 cm
41 illustrations couleur, 25 noir & blanc
Édition originale. Livre rare
50 € : COMMANDER

Bibliophilie :
n° 1 à 25 sur papier pur chiffon,
avec une Peinture originale d'Ayme

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Extraits du texte de Jacques HENRIC :

…Il y a nécessité urgente à ne pas confondre la marche et la démarche d'Albert Ayme avec celle de tardifs épigones. Il est prudent de ne pas enfermer les toiles et les paroles d'Albert Ayme dans l'idéologie crassement matériologique et formaliste de notre fin de siècle. Il y aurait contresens à prendre une toile d'Albert Ayme pour une peinture de plus…Une toile d'Albert Ayme ce n'est jamais que l'infime pointe de l'iceberg. Il faudrait le mouvement. Dans l'espace. Dans le temps…

Aucun espace traditionnel (galerie, par exemple) n'a pu donner à voir ce mouvement. Quelquefois on a opéré une brève ponction : un ou deux éléments de telle série proposés au regard public. Jamais la série dans son épuisement infini. Dix ans sur des monochromes blancs ! (Hommage à Malevitch). Les Paradigmes peuvent produire des millions de combinaisons…

L'avant-gardisme pictural de ces dernières années n'a fait que reprendre, en la réduisant de façon mécaniste, en la dogmatisant, la problématique mise en place par Albert Ayme autour des années 60 : dialectique intérieur/extérieur, surface/profondeur, couleur et dimensions, dimension et forme, châssis ou pas châssis, toile tendue ou toile libre. Utilisation du drap. "Dialogue sans fin". Toile libre : 1962. Le temps et l'espace pour Albert Ayme ne sont pas des abstractions, mais la substance même de son expérience. C'est selon leurs dimensions que chaque jour inlassablement il livre bataille… Un travail solitaire une invraisemblable ténacité un acharnement inouï à la limite de la déraison… Voyez Albert Ayme, jour après jour, couche après couche. Une couche sur, ou une couche sous, ou entre. Papier, toile, plâtre, carton, couleur… "Voyage entre deux néants" explique celui qu'on aurait vite fait passer, s'il n'y avait pris garde, pour un rationaliste enragé, pur transformateur…

Il faut écouter ce que dit Albert Ayme de son travail. Pas seulement la face assurée, ferme, rassurante de son discours. Mais l'autre face. Plus hasardeuse, plus interrogative, plus hésitante, plus risquée, et qui touche à quelques pourquoi… C'est la partie la moins entendue, la plus fragile mais la plus précieuse, de ce qu'il tente d'avancer sur sa pratique qu'il qualifie lui-même d'insensée…

…Il y a une peinture qui incise, qui décolle, qui enlève, qui soustrait, qui révèle, qui dégage, qui délivre… Il y a une peinture tendue vers l'origine. Qui expose ses sources et livre son mouvement. Qui remonte le futur, anticipe le passé, s'étrangle dans le présent, fonce vers son propre vide… la peinture d'Albert Ayme, on l'a compris, appartient à cette catégorie-ci… Quand Albert peint il n'y a pas de repentir possible. Tout ou rien.

Grande importance dans un pareil travail de la notion de virtualité (tentative utopique ? d'épuiser le champ du possible -Hölderlin)… des bleus des rouges des jaunes infiniment combinés… chances de musique vaste intonation éolienne… déflagrations silencieuses sur champ de contraintes… comme il y a un bleu sous le bleu un jaune sous le jaune un envers de la couleur un négatif de la pensée un voile dans la voix une toute autre musique dans les langues… J.H. 1979 - Écrivain, critique à Art Press

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